Fin de parcours pour Boavista FC : le projet de Gérard Lopez s’effondre, le LOSC seul rescapé
Un an après avoir évité de justesse la relégation, Boavista FC, club historique de Porto, a finalement succombé à un destin qu’il flirtait depuis plusieurs saisons. L’équipe, propriété de l’homme d’affaires franco-luxembourgeois Gérard Lopez, est officiellement reléguée au niveau district — une division amateur, marquant le point le plus bas de l’histoire du club centenaire.
Cette chute brutale reflète non seulement un échec sportif, mais aussi un effondrement financier, une instabilité structurelle chronique, et plus largement, l’implosion du modèle multi-clubs initié par Gérard Lopez. Alors que Boavista s’enfonce, le LOSC Lille, qu’il a vendu en 2020, demeure le seul survivant de son ancien empire footballistique.
Une lutte contre l’inévitable
Après avoir terminé 18e et dernier de la saison 2024–2025 de Liga Portugal, Boavista FC a été automatiquement relégué en Liga 2, la deuxième division du football portugais. Ce fut la conclusion d’une saison catastrophique, marquée par des retards de salaires, des tensions internes, une instabilité au niveau de l’encadrement, et des résultats calamiteux.
Pendant plusieurs semaines, le club a tenté désespérément de rassembler les garanties financières nécessaires pour s’inscrire en deuxième division. Mais malgré quelques sursauts, il n’a pas réussi à respecter les exigences de la Fédération Portugaise de Football (FPF), notamment la présentation de certificats prouvant l’absence de dettes.
Dans une interview accordée à Jornal de Notícias (JN), le président du club, Fary Faye, a reconnu que malgré les efforts, les fonds nécessaires n’étaient jamais arrivés à temps :
> « Nous avons tout fait pour trouver les moyens, mais l’argent n’est pas arrivé à temps. Nous espérions nous stabiliser et rester dans les divisions professionnelles, mais le temps nous a été fatal. »
Relégué au niveau district
Le vendredi 11 juillet, le couperet est tombé. Le Comité de Licence de la FPF a officiellement rejeté la demande d’inscription de Boavista en Liga 3, la troisième division. Une décision provisoire avait déjà été communiquée plus tôt dans l’été, mais le club avait été autorisé à soumettre des documents complémentaires. Le délai n’a pas été prolongé, et la relégation est devenue définitive.
Le club devrait désormais évoluer dans les compétitions de district, très probablement dans la Pro League, la cinquième division portugaise, gérée par l’Association de Football de Porto (AFP). Un niveau semi-professionnel, très éloigné des standards de l’élite.
Boavista FC dispose de trois jours pour faire appel devant la Commission d’appel de la FPF, mais peu d’observateurs croient à un retournement de situation. Les dettes sont trop importantes, les soutiens trop fragiles, et la structure interne beaucoup trop affaiblie pour espérer un miracle administratif.
L’effondrement du modèle Gérard Lopez
Ce naufrage de Boavista est un nouvel épisode de l’effondrement du projet multi-clubs de Gérard Lopez, autrefois présenté comme un modèle innovant d’investissement globalisé dans le football. Après avoir dirigé le LOSC Lille avec une certaine réussite — développant et revendant des talents comme Victor Osimhen ou Nicolas Pépé — Lopez a tenté de reproduire ce modèle à l’international avec :
Boavista FC (Portugal)
Girondins de Bordeaux (France)
Royal Excel Mouscron (Belgique)
Tous ces projets ont aujourd’hui disparu ou échoué :
Mouscron a été dissous en 2022, après une faillite totale.
Bordeaux, relégué sportivement, n’a pas obtenu de licence en Ligue 2 et évoluera en National 2 en 2025–2026.
Boavista vient d’être relégué en division de district.
Seul le LOSC, qu’il a dû vendre fin 2020, demeure un club de premier plan, qualifié pour les compétitions européennes et financièrement sain. Un paradoxe : le seul club qu’il n’a plus sous sa coupe est celui qui réussit.
Réactions locales : colère et tristesse
À Porto, les réactions sont teintées de désespoir et de colère. Boavista FC, bien qu’ombre du FC Porto sur le plan sportif, est un symbole populaire dans la ville. Fondé en 1903, vainqueur du championnat en 2001, le club était une fierté locale, reconnu pour sa combativité et sa culture de résistance.
Aujourd’hui, les supporters expriment leur consternation, notamment envers Gérard Lopez, accusé d’avoir abandonné le club à son sort. Le groupe ultra Panteras Negras a publié un communiqué virulent dénonçant « une décennie de promesses non tenues, de gestion opaque et de destruction systématique de l’identité du club. »
L’avenir de l’Estádio do Bessa, enceinte mythique, est également incertain. Son entretien coûteux et son absence de recettes risquent de poser de lourds problèmes.
Un symbole des dérives du football moderne
Boavista incarne aujourd’hui l’échec d’un certain modèle financier, fondé sur la spéculation, la dette, et la promesse d’une rentabilité rapide. Gérard Lopez, souvent décrit comme un “businessman agile”, a su séduire des clubs en crise… avant que le château de cartes ne s’effondre.
Alors que le football européen se professionnalise de plus en plus, les exemples de Bordeaux, Mouscron et maintenant Boavista soulignent les limites de la financiarisation à outrance. Sans racines solides, sans transparence ni vision sportive, même les clubs historiques peuvent disparaître du paysage professionnel.
Quel avenir pour Boavista ?
L’avenir de Boavista FC s’écrira désormais dans l’ombre. Pour retrouver un statut professionnel, il faudra reconstruire : assainir les finances, restaurer une gouvernance crédible, mobiliser les supporters et, surtout, redonner une âme au club.
La reconstruction ne sera ni rapide ni facile. Mais certains y croient encore, convaincus que l’histoire du club, ses installations et sa base de fans peuvent servir de fondation pour un renouveau.
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Conclusion : Seul le LOSC reste debout
Alors que Bordeaux s’enfonce en National 2, que Mouscron a disparu, et que Boavista est renvoyé aux divisions amateurs, le LOSC Lille est le dernier club de l’ancien réseau de Gérard Lopez à se maintenir dans l’élite.
Une ironie cruelle pour un entrepreneur qui rêvait d’un empire transnational du football. Aujourd’hui, cet empire est en ruines, et la relégation de Boavista FC en district en marque la fin symbolique.
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